Article original Détection des plaques d’athérome carotidien sur les téléradio- graphies de profil. Enquête dans une population de patients présentant des troubles respiratoires lors du sommeil Detecting carotid calcification atheromas on cephalograms. Investigation into a population of sleep disordered patients. WILLIAM BACON1, AURÉLIEN MAGOARIEC1, NICOLAS MEYER2, RÉMY BEAUJEUX3, JEAN KRIEGER4, AHMED FÉKI5 RÉSUMÉ La téléradiographie est une investigation radiologique courante en odontologie. Cet examen peut fortuitement révéler l’existence de pathologies qui ne sont pas toujours du ressort de l’odontologiste. C’est le cas pour les dépôts d’athérome de la bifurcation carotidienne qui, si leur état de calcification est suffisant, peuvent appar a î t re sur le cliché céphalométrique. Cette lésion siège en général au niveau de la quatrième vertèbre cervicale, en dessous de la corne hyoïdienne. Elle est de forme diffuse, peu contrastée, souvent un peu allongée avec des contours flous. L’objectif de ce travail a été d’évaluer la prévalence de ces images dans une population déterminée. Une étude rétrospective a été menée sur les téléradiographies de 1980 individus présentant des troubles re s- médecine p i r a t o i res lors du sommeil, population réputée pour avoir un risque vasculaire. Tous les individus de l’étude buccale avaient été examinés et traités dans le même Service d’Exploration du Sommeil. Les documents céphalo chirurgiemétriques ont été soumis à une triple lecture. Il ressort de cette étude que 4,5 % des patients présentaient buccale des images nettes de dépôts d’athérome suffisamment calcifiés pour être observables sur une téléradiogra- VOL. 11, N phie de profil. L’âge moyen de ces patients était de 58 ans, pour un indice de masse corporelle de 32. L’odontologiste doit être attentif à l’existence de ce type de lésions sur les clichés radiographiques qu’il est 2005 page 77 amené à examiner, en particulier s’il s’agit d’un patient à risque. Il peut être le premier acteur de santé à détecter une telle lésion et il pourra ainsi favoriser une prise en charge rapide et appropriée du malade. (Med Buccale Chir Buccale 2005 ;11 :7 7 - 8 6 ). mots clés: athérome, téléradiographie SUMMARY Carotid calcification atheromas can be detected on cephalometric radiographs, provided the level of calcification is significant enough to mark the film.The aim of this study was to evaluate the prevalence of carotid artery calcification in a determined population. A retrospective investigation into the files of a sleep disorder clinic was conducted on a group of 1980 patients with obstructive sleep apnea syndrome. 4,4% of the individuals showed obvious pictures of carotid calcific a t i o n on the cephalometric headplate. Mean age in the calcification group was 58 and mean BMI was 32. The dentist should be aware of the possibility to detect such aberration or malformation on standard radiographic documentation since he may be the first medical actor to detect the disease and thus promote an immediate and rapid referral to the physician to prevent stroke. (MedBuccale Chir Buccale 2005 ; 11 :7 7 - 8 6 ). key words: atherosclerosis, cephalogram 1. Département d’Orthopédie Dento-Faciale, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg 2. Département d’Informatique Médicale, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg 3. Service de Radiologie A, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg 4. Service d’Explorations Fonctionnelles du Sommeil, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg 5. Département de Médecine Buccale et de Chirurgie Buccale, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Demande de tirés à part: Pr. William Bacon, Faculté de Chirurgie Dentaire, 1 Place de l’Hôpital , 67000 Strasbourg – France Accepté pour publication le 17 janvier 2005 W. Bacon et coll. Le champ d’action de l’odontologiste concern e en premier chef la sphère bucco-dentaire. Il peut cependant également être un des premiers acteurs de santé à diagnostiquer ou dépister d’autre s pathologies. Il s’agit le plus souvent de découvertes fortuites via le questionnaire médical, les examens clinique, biologique ou radiographique. Ainsi il a récemment été montré que les téléradiographies de profil pouvaient mettre en évidence des images de dépôts d’athérome au niveau de la bifurcation carotidienne [ 1 ]. De même, les clichés panoramiques permettent également de visualiser ce type de dépôts [2-6]. La pathologie vasculaire n’est pas du ressort de l’odontologiste mais occulter ou ne pas identifier ce type d’image sur un cliché radiographique peut être potentiellement dommageable pour le patient lorsque la pathologie est encore ignorée [2, 3]. Cette insuffisance risque également d’exposer le praticien à un jugement défavorable. médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale L’objectif de ce travail est de familiariser les chirurgie chirurgiechirurgie c o n f r è res à l’identification de ce type de lésion buccale buccalebuccale sur la téléradiographie de profil et de présenter OL. 11, N° 2 une enquête sur la prévalence de ces lésions dans 2005 un groupe de patients présentant des tro u b l e s page pagepage 78 7878 respiratoires lors du sommeil. ATHEROME ET ARTHEROSCLEROSE Définition L’ a t h é rome est une lésion élémentaire de l’intima des artères caractérisée par une nécrose grumeleuse riche en lipides (bouillie athéro m a t e u s e ) . R a rement isolé, l’athérome est le plus souvent associé à des lésions de sclérose réalisant un complexe lésionnel donnant l’athéro s c l é rose. Le développement de l’athérome se fait de façon c h ro n i q u e : il débute dès l’enfance et pro g re s s e de façon silencieuse (plaque athéro m a t e u s e stable). L’ a t h é ro s c l é rose est définie par l’OMS [ 7 ] comme une « association variable de re m a n i ements de l’intima des grosses et moyennes a r t è res consistant en une accumulation segmentaire de lipides, de glucides complexes, de sang et de produits sanguins, de tissu fibreux et de dépôt calcaires, le tout accompagné de modifications de la média». Structure [8] Du point de vue structurel, la plaque athéro m ateuse est une lésion arrondie, de consistance cartilagineuse, mesurant de 1 à 3 cm de diamètre pour 3 ou 4 mm d’épaisseur, située dans la partie profonde de l’intima. Le centre est occupé par une infiltration de lipides au sein d’une plage de n é c rose grumeleuse, éosinophile, riche en cristaux lancéolés dont le nombre augmente avec l’ancienneté de la lésion. Les débris apoptotiques issus des cellules infla m m a t o i res sont abondants dans la bouillie et à son pourtour. La plaque athéromateuse peut réduire considérablement la lumière d’un vaisseau lorsque celui- ci est de petit calibre. On parle d’athérosclérose compliquée lorsque la plaque athéro m a t e u s e subit diverses modifications : calcification de la plaque, hémorragie intra-pariétale, ulcération de la plaque, thrombose, anévrysme. Epidémiologie de l’athérosclérose Les accidents cérébro v a s c u l a i res constituent la t roisième cause de mortalité aux Etats-Unis, précédée par les maladies card i o v a s c u l a i res et les cancers. On estime à 550 000 le nombre d’Américains atteints chaque année et à 150 000 ceux qui en succombent. Le coût financier des soins et de la réhabilitation des 3 millions de personnes survivant s’élève à 30 milliards de dollars paran; ceci illustre l’impact considérable decette maladie pour la santé publique [7]. L’incidence de l’athéro s c l é rose est la plus élevée en Amérique du nord et dans le nord de l’Euro p e . Elle est plus faible dans la région méditerranéenne, dans les pays asiatiques et, d’une manière générale, dans le tiers monde. Dans les pays industrialisés les accidents vasculaires cérébraux sont àl’origine de 10 à12% del’ensemble des décès survenant après 65 ans. Leur prévalence varie de 4 à 8 ‰ dans les pays occidentaux et dépassent 2 % au Japon. Cette prévalence augmente avec l’âge : environ 75 % des patients présentant un accident cérébro v a s c u l a i re ont plus de 65 ans. Exploration [10] L’échodoppler et l’examen tomodensitométrique sont les examens à demander en pre m i è re inten Athérome carotidien sur téléradiographie tion. L’examen ultrasonore d’une carotide doit comporter : – l’évaluation du degré de sténose (hémodynamique et anatomique); – l’aspect morphologique; – une étude de l’aspect endoluminal de la plaque (hémorragies dans la plaque et la sous-plaque) ; – l’examen des autres axes artériels cérébraux ; – un doppler transcrânien systématique. L’examen tomodensitométrique reste essentiel. Il est, dans les occlusions aiguës de la caro t i d e i n t e rne, l’examen qui permet de pre n d re une décision. Il permet, en outre, d’éliminer toute pathologie cérébrale associée et de dépister les infarctus silencieux. L’artériographie des troncs supra-aortiques est considérée comme indispensable pour la plupart des équipes, même si on voit publiées de plus en plus des séries ne comportant qu’un échodoppler p r é o p é r a t o i re. L’injection se fait au niveau de la c rosse de l’aorte, avec opacification des trois axes. La radiographie traditionnelle ne fait pas partie des examens préconisés dans le diagnostic et le traitement des lésions d’athéro s c l é ro s e . Cependant de tels clichés, et notamment de clichés céphalométriques de profil, pourront parfois permettre un diagnostic fortuit de ces lésions (sous réserve que la plaque soit suffisamment calcifiée). Ce diagnostic pourra ainsi déboucher éventuellement sur la prescription des investigations complémentaires évoquées ci-dessus. Facteurs de risque Les études épidémiologiques montrent l’importance de facteurs inéluctables tels que l’âge avancé ou le sexe masculin. Il y a des facteurs génétiques augmentant le risque d’athéro s c l é- rose [11, 12] ; cette prédisposition familiale est vraisemblablement polygénique et l’on re t ro u v e souvent une tendance à l’hyperlipidémie, l’hypertension artérielle et le diabète. Les facteurs de risque majeurs sont : l’hyperlipidémie, l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète [5, 13]. Parmi les facteurs de risque mineurs on peut citer l’obésité, l’inactivité physique, le s t ress et les facteurs psychosociaux, les traitements hormonaux et des facteurs nutritionnels. Les facteurs sur lesquels on peut agir sont notam ment l’alimentation, le style de vie et certains comportements (tabagisme…). Traitement Il comprend essentiellement le traitement chirurgical, le traitement endoluminal, les antiagrégants plaquettaires. • Le traitement chirurgical consiste en une endartériectomie. Après libération du muscle stern o cléido- mastoïdien, la carotide primitive et le bulbe carotidien sont abordés. Une artériotomie longitudinale est faite à cheval sur la carotide primitive et la carotide interne. L’ablation du séquestre a t h é romateux est faite à la spatule [ 1 0 ]. Un pontage peut précéder cette étape soit en faisant appel à une gre ffe veineuse (segment saphénien crural), soit en réalisant un pontage pro t h é t i q u e ( p rothèse en polytétrafluoroéthylène). L’ e n d a rtériectomie carotidienne est la méthode la plus utilisée et semble devoir être proposée en premédecine médecinemédecine mière intention. buccale buccalebuccale Des études ont montré que des patients asymp-chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale tomatiques, qui présentaient des réductions luminales deplus de 60%,pouvaientvoir leur risque VOL. 11, N d’attaque diminuer de plus de moitié si la plaque 2005 d’athérome était enlevée chirurgicalement [10]. page pagepage 79 7979 • Pour ce qui est du traitement endoluminal percutané, les indications d’angioplastie caro t i d i e n n e s ’ a d ressent aux patients chez qui la chirurg i e apparaît difficile. La bifurcation carotidienne est une zone à haut risque : la plaque est fragile, ulcérée, hémorragique et il existe un risque d’embole lors des manipulations endovasculaire s . • Enfin, dans la prévention des accidents céréb ro v a s c u l a i res, les antiagrégants plaquettaire s ont un intérêt incontestable et ces derniers sont p rescrits systématiquement et à vie après toute chirurgie carotidienne. Il n’y a aucune preuve scientifique qui justifie l’emploi des vasodilatateurs cérébraux. Détection de l’athérome sur la téléradiographie de profil Variations topographiques de la bifurcation carotidienne Les artères carotides primitives se divisent en a r t è res carotides interne et externe. La bifurc ation est située normalement à proximité d’un plan W. Bacon et coll. qui passe en avant par le bord supérieur du cartilage thyroïde et en arrière par l’apophyse transverse de C4, parfois un peu plus haut, ou un peu plus bas. Ainsi Lazorthes et coll [ 1 4 ], dans une étude sur 1 4 2 cas, constatent une naissance de la bifurc ation au-dessus de C4 dans 31 % des cas, au niveau de C4 dans 48,5 % des cas, au-dessous de C4 dans 20,5 % des cas. La fig u re 1 présente les variations connues de la bifurcation caro t idienne selon Lippert et Pabst [15]. médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale OL. 11, N° 2 2005 Salamon [ 1 6 ] re m a rque que les points extrêmes page pagepage 80 8080 de division peuvent se situer de C1 à D2. Le niveau de division de l’artère carotide commune est repéré par rapport à la colonne cervicale et non par rapport au larynx afin de faire abstraction de la croissance de celui-ci. Par ailleurs, des dif f é rences de hauteur pouvant atteindre la taille d’une vertèbre ont été décrites entre le côté dro i t et le côté gauche. Schulz et Rotwell [17] insistent sur les variabilités anatomiques inter-et intra-individuelles de la bifurcation carotidienne. Image du dépôt athéromateux Le dépôt athéromateux au niveau de la bifurc ation carotidienne ne sera visible radiologiquement que si son degré de calcification est suffisant. C’est en général en re g a rd de C4, en dessous de la corne hyoïdienne que cette lésion est observable, de forme diffuse, peu contrastée, le plus souvent un peu allongée avec des contours flo u s ( f i g u res 2-4). Plus la plaque d’athérome est calcifiée, plus elle apparaît avec précision et plus le diagnostic est aisé et précis. En d’autres termes seuls les dépôts suffisamment calcifiés donc âgés F i g u re 1 : Variations topographiques de la bifurc a t i o n carotidienne [15] Topographical variation of carotid artery bifurcation [15] sont susceptibles d’être repérés. En aucun cas le cliché céphalométrique de pro fil ne peut être utilisé comme un outil de dépistage systématique pour ce type d’anomalie. Structures de proximité et diagnostic différentiel La grande corne de l’os hyoïde représente la principale structure anatomique qui peut conduire à une erreur de diagnostic. En avant, elle naît du corps de l’os hyoïde et monte au-dessus et en a r r i è re, traverse l’espace pharyngé pour se terminer au-dessus des tissus prévertébraux, en re g a rd de la région de la 3e m o l a i re. De même, l’existence d’un ostéophyte vertébral fracturé ou de ganglions lymphatiques calcifiés peut prêter à confusion. Le diagnostic peut également, dans une moindre mesure, être compliqué par l’existence de phlébolithes, de calculs amygdaliens ou de calcifications du ligament stylo-hyoïdien, du cartilage thyroïde ou d’une glande salivaire… ETUDE EXPERIMENTALE Il s’agit d’une étude rétrospective à partir de clichés céphalométriques de profil provenant d’un g roupe d’individus présentant des troubles re s- p i r a t o i res lors du sommeil. Ces patients, et part i c u l i è rement ceux présentant un syndro m e d’apnées du sommeil, sont des individus ayant un risque d’athérosclérose [18-22]. Ces clichés avaient été effectués pour déterminer la configuration du pharynx et le site de l’obstruction re s p i r a t o i re. Toutes les téléradiographies avaient été réalisées avec le même appare i l l a g e , au même endroit (Service de Consultations et de Traitements Dentaires des Hôpitaux Universitaire s de Strasbourg). Ces radiographies ont été réexaminées pour la re c h e rche d’images d’athéromes carotidiens calcifiés. Patients et méthodes Les téléradiographies de pro fil de 1980 patients ayant consulté dans le Service d’Exploration du Sommeil des Hôpitaux Universitaires de S t r a s b o u rg ont été revus par trois examinateurs : deux odontologistes et un radiologue spécialiste de l’imagerie vasculaire. Pour respecter les cri Athérome carotidien sur téléradiographie Figure 2 Figure 3 médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale VOL. 11, N 2005 page pagepage 81 8181 Figure 4 F i g u re s 2 - 4 : A t h é rome calcifié de la carotide Calcified atheroma of the carotid artery W. Bacon et coll. médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale OL. 11, N° 2 2005 page pagepage 82 8282 tères de notre expérimentation, seuls les clichés pour lesquels des images d’athérome ont été i d e n t i fiés par les trois investigateurs, ont été re t e- nus comme positifs. Le reste du groupe a été considéré comme athérome négatif. Les principales variables anthropométriques, polysomnographiques et sanguines ont été relevées dans les deux groupes à partir des dossiers des patients. Une méthode descriptive multivariée PLS (Projection onto Latent Structures – Partial Least Squares) a été ensuite mise en oeuvre pour déterminer si certaines caractéristiques spécifiques émergeaient du groupe athérome positif par rapport au groupe athérome négatif. Résultats et discussion Les caractéristiques du groupe positif et du g roupe négatif sont décrites dans le tableau 1. Les résultats de la méthode descriptive multivariéesont présentéesdans les fig u res 5-7: 93 i n d ividus (17 femmes et 76 hommes) présentaient une image d’athérome carotidien calcifié, soit 4 , 6 9 % de l’échantillon de départ, ce qui en données corrigées correspond à 4,30% des femmes et 4,56 % des hommes. Ces chiff res sont supérieurs à ceux rapportés par Friedlander et coll. [ 1 9 ] pour un groupe de 1 075 individus sains (âge m o y e n : 55 ans) où des images d’athérome ont été détectées à l’aide de clichés radiographiques sur seulement 2% des individus. Dans le groupe positif, tout comme dans le g roupe négatif, les valeurs élevées par rapport aux standards de l’Indice de Masse Corpore l l e (IMC), de la triglycéridémie et de la pression artérielle suggèrent une susceptibilité particulière au risque athéromateux. Une plus forte prévalence de dépôts d’athérome chez les patients souff r a n t d’apnées obstructives lors du sommeil a déjà été décrite [19]. La re c h e rche des caractères ayant le plus de forc e dans la description des deux groupes a fait appel à une méthode statistique descriptive multivariée appelée PLS (Projection onto Latent Structures – Partial Least Squares) qui permet d’analyser en même temps des variables quantitatives et qualitatives. Les variables sont utilisées telles qu’elles sont, c’est-à-dire sans recodage. Les variables quantitatives ne sont donc pas recodées en modalités d’ord re croissant. Elles sont analysées comme dans une analyse en composante principale et une variable est représentée par un seul point sur le graphique. Les variables qualitatives sont analysées comme dans une analyse factorielle des correspondances multiples, c’est-à-dire qu’il y a un point pour chaque modalité de la variable. La variable groupe représente ici les sujets n’ayant pas de signes radiologiques d’athérome (code 0) et ceux ayant des signes radiologiques (code1). Les hommes et les femmes sont représentés par les codes 1 et 2 re s p e c t i v e m e n t . Les principaux points suivants ressortent de cette a p p roche. Les parts de variances expliquées sont pour les trois premiers axes (figures 5, 6, 7) par ordre décroissant de: 19,7%, 17,7% et 14,5%. La décroissance est faible montrant l’absence de dimension prépondérante dans les données. La l e c t u re des trois premiers plans montre l’importance plus grande de lavariable «S e x e»dans ces données. Les deux modalités de cette variable sont très éloignées de l’origine du graphique ce Tableau 1 : Comparaison des variables dans les deux groupes. Seuls l’âge et l’indice d’apnées/hypopnées (AHI) diffèrent dans les deux groupes Comparison of the variables in the two groups. A significant difference was only found for age and apnoea/hypopnoea index (AHI) Variable Age AHI Poids Taille BMI Glucose Triglyceride Cholesterol PAS PAD M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET M ET Athérome positif (0) 58 53,610,5 38 91,8 16,2 170 7,4 32 5,4 6,1 1,8 2 1 5,6 1,1 136 17 82 11 Athérome négatif (1) 54 64,510,8 37 95,2 20 170 8,8 32,8 6,7 5,9 1,7 2 1,3 5,6 1 137 19 84 12 Mann-Whitney P <0,05 P <0,05 NS NS NS NS NS NS NS NS (corrigé Bonferroni) Athérome carotidien sur téléradiographie Premier axe Premier axe Figure 5 : Premier plan factoriel : représentation graphique des corrélations entre variables First factorial plane: graphical display of variables correlations médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale VOL. 11, N 2005 page 83page 83Deuxième plan Premier axe Figure 6 : Deuxième plan factoriel : représentation graphique des corrélations entre variables Second factorial plane: graphical display of variables correlations. W. Bacon et coll. Figure 7 : Troisième plan factoriel : représentation graphique des corrélations entre variables Third factorial plane: graphical display of variables correlations médecine médecinemédecine buccale buccalebuccale chirurgie chirurgiechirurgie buccale buccalebuccale OL. 11, N° 2 2005 page pagepage 84 8484 qui montre une participation importante de la variable à la constitution de ce premier plan. L’orientation globale de l’axe Homme-Femme est p resque située sur la pre m i è re bissectrice mais il est plus incliné vers l’horizontale, ce qui montre que la variable se projette plus sur le premier axe ( fig u res 5 et 6). L’analyse des liens avec les autre s variables montre des relations attendues : les hommes ont une taille supérieure à celle des femmes. De façon moins franche, on re t ro u v e aussi que les valeurs du poids, de l’IMC, de la p ression artérielle (diastolique et systolique), de l’AHI (indice d’apnées/hypopnées), de la glycémie, des triglycérides et du cholestérol sont plus élevées chez les hommes que chez les femmes. Cependant, en re g a rdant les projections des variables sur le deuxième axe (figure 5), on constate l’existence de femmes ayant des valeurs élevées pour ces diff é rentes variables, la modalité « f e m m e s » et les variables sus-citées étant situées dans le même demi-plan, sauf pour la taille et pour le cholestérol. En fait les variables a n t h ropométriques et biologiques sont pre s q u e toutes situées dans un même cadran, alors que les femmes sont situées dans un cadran et les hommes encore dans un autre cadran. Ceci sugg è re donc que les diff é rences se font globalement en faveur des hommes (corrélations positives) (séparation droite/gauche du graphique) même si on peut sans doute trouver des sous-groupes de femmes ayant des valeurs élevées pour ces variables (séparation haut/bas du graphique). En revanche, dans cet échantillon, les femmes sont un peu plus jeunes que les hommes. Cette observation suggère une plus forte susceptibilité masculine au risque athéromateux. La variable«g ro u p e» ades modalitésproches de l’origine du graphique, ce qui montre une faible participation de cette variable à la constitution des groupes. En clair, cette variable est peu liée aux autres variables ou, en tout cas, de façon peu importante. La lecture des deuxième et troisième plans ( f i g u res 6 et 7) permet de voir que la variable Athérome carotidien sur téléradiographie g roupe, sur le troisième axe, est indépendante de toutes les autres variables : l’axe passant par les deux modalités de « g ro u p e » est pre s q u e exactement perpendiculaire aux autres variables. Ces autres variables sont toutes écrasées le long du premier et du second axes (selon que l’on re g a rde le deuxième ou le troisième plan). L’analyse comparative des valeurs des variables continues entre les deux groupes (tableau 1) m o n t re que les diff é rences entre les deux gro u p e s sont faibles. Même lorsque le test statistique est significatif, la diff é rence de moyennes entre les deux groupes est en général modérée, voire faible, la significativité étant plus liée à la taille de l’échantillon qu’à l’importance des diff é re n c e s e n t re gro u p e s . On re m a rque que la variable groupe est très importante sur le troisième axe (figure 6), alors que sa participation aux deux premiers axes est très faible. Ceci montre que cette variable ne permet pas de distinguer clairement à elle seule des p rofils de patients évidents. Seuls des sous- g roupes de patients pourraient éventuellement ê t re caractérisés par cette variable. Une MANOVA (Analyse de Variance Multivariée, c’est-à-dire portant sur la comparaison de plusieurs variables simultanément entre les deux groupes à comparer) réalisée en mettant en facteur les variables sexe et groupes montre une interaction entre ces deux variables, ce qui suggère une certaine difficulté à isoler des pro fils de patients à partir uniquement de la variable groupe. Autrement dit, la variable groupe ne distingue qu’elle même. En résumé, les données recueillies ne permettent pas de distinguer nettement les deux gro u p e s . Les variables sont dans leur ensemble pre s q u e toutes corrélées les unes aux autres. On re t ro u v e RÉFÉRENCES 1-FR I E D L A N D E R AH, DO U N I S G, GR AT T BM. Lateral cephalo metric radiographs : an aid in detecting patients at risk of stroke. J Am Dent Assoc 1996 ; 127: 1745-50. 2-FR I E D L A N D E R A H . Panoramic radiography: the diff e re n t i a l diagnosis of carotid artery atheromas. Spec Care Dentist 1995 ; 15 : 223-7. les distinctions attendues entre les deux sexes. Il n’y a pas de prédominance franche d’un groupe de variables par rapport à un autre. Par ailleurs, la variable de groupe, définie à partir des radiographies, ne semble pas permettre d’établir un p rofil type de patients. Le groupage radiographique des individus athérome positif ne fait pas ressortir des variables qui pourraient favoriser le développement de cette pathologie. Il n’a pas été possible dans les conditions de cette expérimentation d’identifier clairement le groupe « a t h érome positif» par rapportaux patients «a t h é ro m e n é g a t i f » dans la population présentant des troubles respiratoires lors du sommeil. Au sein d’un groupe de 1980 individus présentant des troubles re s p i r a t o i resdu sommeil, 4,5% des patients présentaient des images de dépôts d ’ a t h é rome suffisamment calcifiés pour être observables sur des téléradiographies de pro fil . Au sein du groupe d’étude il n’est pas apparu de caractéristiques spécifiques permettant d’isoler le groupe athérome positif du groupe athéro m e négatif, dans les conditions de notre expérimentation. Le diagnostic d’une calcification athéromateuse sur une téléradiographie de profil est une observation à laquelle l’odontologiste doit être attentif, p a r t i c u l i è rement si le patient examiné à plus de 50 ans et qu’il présente des facteurs de risque tels que obésité, tabagisme, hypertension artérielle, hyperc h o l e s t é rolémie ou tout autre dérèglement susceptibles de favoriser les dépôts d ’ a t h é rome. L’odontologiste peut être amené à détecter fortuitement une telle anomalie vascul a i re et pourra ainsi favoriser une orientation rapide du patient vers une prise en charge spécifique et appropriée. 3-FR I E D L A N D E R AH, FR I E D L A N D E R IK, PO G R E L MA. D e n t i s t r y ’s role in the diagnosis and co-management of patients with sleep apnoea/hypopnoea syndrome. Br Dent J 2000 ; 189 : 76-80. 4-FA R M A N AG, FA R M A N T T, KH A N Z, CH E N Z, CA RT E R L C , FR I E D L A N D E R AH. The role of the dentist in detection of carotid atherosclerosis. 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